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Extreme Toyota, Emi Osono, Norihiko Shimizu, Hirotaka Takeuchi, John Wiley, 2008

        Langue : Anglais
        Le livre sur le site de l'éditeur


En s'appuyant sur six ans d'enquête et des centaines d'entretiens avec des employés de Toyota, cet ouvrage présente une analyse du business model de Toyota, et en les contrastant par rapport aux soit-disant bonnes pratiques financières des grandes firmes cotées. S'écartant du sujet de la production, les auteurs révèlent des aspects moins connus du management de Toyota, comme sa gestion de son réseau de distribution et ses grandes décisions commerciales.

La gestion de Toyota est en effet très paradoxale. D'un côté très prudente et fondée sur l'amélioration par petits pas, la firme est également capable de mettre des millions de dollars sur la table pour réussir des paris insensés, comme par exemple de créer de toutes pièces une marque de luxe et une marque pour les jeunes conducteurs - ou une voiture hybride. D'un point de vue financier, Toyota est parfois surnommé "la Banque Toyota" pour sa gestion ultra-conservatrice. Bien que très profitable, l'entreprise utilise frugalement son cash, verse de faible dividendes à ses actionnaires, et paye peu ses cadres (moitié moins que Renault Nissan par exemple).

Toyota n'a d'ailleurs pas de stratégie explicite, un management très homogène et nippon-centrique, son allocation de ressources humaines paraît inefficace, et l'entreprise est notoirement bureaucratique et hiérarchisée. Et pourtant sa marge opérationnelle est le double de celle de ses concurrents.

Pour les auteurs, le succès de Toyota tient au fait que l'entreprise manage avec succès une série de paradoxes, sans pour autant essayer des les résoudre :

Ce curieux mélange de créativité dans l'ingénierie et la production et d'une culture d'entreprise très traditionnelle fonctionne particulièrement bien car Toyota utilise ses contradictions avec succès pour explorer des espaces de solutions que d'autres firmes, dans leur quête d'homogénéité, ne savent percevoir. Le but ultime du kaizen quotidien n'est autre que la réinvention totale.

En ce sens, les auteurs considèrent que Toyota est la première entreprise industrielle sur des marchés matures qui se soit fondamentalement adaptée à une économie de la connaissance. Toyota considère ainsi que chaque employé, du travailleur à la chaîne au CEO est un "knowledge worker" et peut contribuer son expérience et sa créativité à l'amélioration de l'offre et la satisfaction des clients. Dans l'industrie automobile cette approche fondée sur la connaissance diverge radicalement de l'approche de ses concurrents, basée sur les retours financiers :

Un ouvrage très globalement très intéressant, tant pour ses études de cas sur Toyota, particulièrement la distribution et le commerce, moins connus que la production, que pour sa posture théorique qui ouvre de nouvelles voies d'investigation.

----- Revision r1 - 2008-10-16 - 13:04:00 - GodefroyBeauvallet
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